Ce matin, le réveil fut compliqué. Très compliqué. En fait, je n'avais pas envie de me lever. J'avais envie de rester sous ma couette, dans le noir. Déjà, je n'avais pas voulu sortir de mon sommeil mais ma vessie faisant des siennes, j'étais bien obligée de me réveiller. A présent, j'avais plusieurs choix qui s'offraient à moi... Me pisser dessus comme une gosse. Me retenir jusqu'à ce que ma vessie explose. Ou alors, prendre mon courage à deux mains et lever mon petit cul pour aller aux toilettes.
Je soupirais en regrettant l'époque bénie des couches-culottes. C'était vraiment le bon temps. Je m'assis sur mon lit et m'étirai un long moment en laissant échapper un bâillement sonore. Tiens, pour une fois, je n'avais pas la gueule de bois. Mon corps s'habituait-il aux effets de l'alcool et des joints ? A moins que j'y sois allée un peu moins fort hier soir. Ca devait être ça.
Je passais la main dans mes cheveux ondulés. Aller, c'est l'heure d'aller au petit coin. Je me levais, m'étirais encore une fois. Finalement, je finis par sortir de ma chambre... et faillis trébucher à cause d'un de ces jouets à la con que mon frère de cinq ans s'obstinait à laisser traîner dans toute la maison. J'inspirai. Expirai. Explosion dans 3, 2, 1...

« JAYDEN CONNOR BRYAN WILLIAMS RANGE TES PUTAINS DE JOUETS !!!

- Aaaaaanh lalalah, je vais dire à maman que t'as dis un gros mot !! me dit une petite voix. »

Je me retournais et vis cette petite tête blonde que tout le monde prenait pour un ange. Mais je savais bien que ce petit garçon était en fait un vrai petit diablotin prêt à tout pour me rendre la vie impossible. Je m'abaissais pour être à la hauteur de ses yeux. Je le fixais. Il avait son petit sourire malicieux. Celui qui vous prévient qu'il va bientôt passer à l'attaque.

« Jayden, si tu ne veux pas que je t'étripe dans la minute qui va suivre, range tes jouets. Et ce n'est pas négociable. »
Je n'insistai pas plus, sachant très bien qu'il ne m'écouterait pas. Comme toujours, il n'en ferait qu'à sa tête, ma mère le soutiendrait. Et comme mon avis n'a jamais vraiment compté...
Je me rendis donc aux toilettes. Une fois que je fis ce que j'avais à y faire, j'en sortis... Pour me faire bousculer cette fois par un grand idiot, Casey, mon frère aîné. Et bien sûr, il ne me rata pas.
« Toi, je sens que t'as passé la nuit dehors, vu la gueule que tu tire...

- Que j'ai traîné dehors ou pas, explique moi où est ton problème dedans ?

- T'es pas sensée réviser pour tes partiels ?? me demanda-t-il d'un air suspicieux.

- Occupe toi de tes fesses, tu seras mignon. »

Je le poussais un peu et retournai dans ma chambre. Je fermais la porte derrière moi, un peu trop violemment et j'entendis ma mère hurler qu'on arrête de claquer les portes. Vingt-deux ans et ma mère me gueulait toujours dessus comme une gosse. Descendante ou pas de la déesse Aphrodite, je restais une gamine au yeux de ma mère. En fait, je n'étais pas une descendante mais plutôt une sorte de réincarnation. Ce qui me donnait un tas de pouvoirs plutôt sympas. Je pouvais ressentir les émotions des gens m'entourant et les contrôler. Utile quand ma mère était dans une colère noire parce que j'étais rentrée tard. Sinon, un pouvoir plus difficile à contrôler : les vagues d'énergie. Efficace pour repousser les ennemis... Ou les bonnes femmes pendant les soldes. J'allais me recoucher dans mon lit, lorsque je sentie une main agripper mon bras avec force. Sans même comprendre, l'homme m'attrapa et plaqua sa main sur ma bouche m'empêchant d'hurler. J'essayais de me débattre mais rien n'y faisais. Je ne pouvais pas le repousser avec mon pouvoir et pour une raison inconnue, je n'arrivais pas à ressentir ses émotions. Mon coeur s'emballa de peur.
Un autre homme sortit de sa cachette. Il me baillonna puis m'attacha.
Ils ouvrirent la fenêtre et je réalisais que ce n'était pas des hommes mais des femmes, mais pas n'importe lesquelles... Des ailes étaient dans leurs dos. Lorsque je vis leurs visages, mes yeux s'écarquillèrent. C'étaient les visages les plus hideux qui m'étaient donnés de voir. Elles avaient de gros yeux globuleux. A la place de la bouche, elles avaient un long bec de corbeau. Leurs corps étaient cependant musclés, d'où la confusion avec des hommes. Je sentis les serres de la furie qui me retenaient serrer un peu plus son étreinte sur mon bras. Je sentis mes larmes couler sur ma joue. L'une de furies sauta par la fenêtre et mes yeux s'écarquillèrent. L'autre furie me tint fermement le bras et suivit l'autre furie. Ayant le vertige, j'avais immédiatement fermé les yeux. Je ne cessais de pleurer, priant que quelqu'un m'aide que tout ça n'était qu'un mauvais rêve mais malheureusement, ce n'était pas le cas. Je sentis la furie s'élever dans les airs. Je tremblais de tous mes membres. Je me risquais à ouvrir un oeil. Je vis que les furies volaient à vive allure, zigzagant entre les bâtiments. J'eus la bêtise de regarder vers le sol... Je m'évanouis.